香港 Hong Kong - La colère des manifestants ne faiblit pas
- INFO MONDE
- 7 janv. 2020
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Depuis huit mois, les hongkongais manifestent leur colère à l'encontre d'un projet de loi qui permettrait d’extrader des résidents de l’île vers la Chine continentale. La ville est depuis la scène d’affrontements entre les partisans de son système, fleuron du capitalisme, et le parti communiste chinois. Face à l’ascendance des violences, les issues politiques, économiques et sociales sont fragiles et incertaines.
Un petit peu d’histoire
Pour comprendre l’atypisme du territoire Hongkongais et le mouvement social qui agite le pays actuellement, revenons au XIXe siècle. À la fin de la guerre de l’Opium, Hong Kong devient propriété britannique pour une durée de 99 ans. C’est la colonisation qui transforme l’île en centre d’affaires. Elle devient ainsi une interface entre la Chine continentale et le reste du monde.
En l’espace d’un siècle, les britanniques ont largement influencé le système social et juridique de l’île, c’est un état de droit. Hong Kong est un territoire de libertés et est motivé à le rester.
Été 1997, la péninsule est rétrocédée à la république populaire de Chine. La déclaration stipule l’interdiction pour Beijing de changer le statut de Hong Kong ainsi que de porter atteinte à ces libertés pendant 50 ans. Elle devient une région administrative spéciale de 7,4 millions d’habitants. Même si l’ex colonie britannique ne détient plus que 3% du PIB de la Chine, elle reste une plateforme économique indispensable aux entrepreneurs et riches chinois avec les entreprises étrangères grâce à la souplesse de ses réglementations.
Hong Kong- Beijing : Deux identités que tout oppose
Avril dernier, l’annonce de la cheffe de l’exécutif Carrie Lam, a mis le feu au poudre, le gouvernement prévoit de voter une loi permettant l’extradition des résidents de l’île vers la Chine continentale. Le gouvernement pourrait ainsi transféré toutes les personnes qu’il juge “délinquante” pour qu’elles soient jugées sur le continent sans passer par le parlement local.
Un projet qui, une fois de plus, porterait atteinte aux libertés de l’ancienne colonie britannique. Ce n’est pas la première fois que Pékin bafoue le système politique et social Hongkongais. Par exemple le gouvernement choisit le chef de l’exécutif ou encore exige les arrestations de manifestants pro-démocrates etc.
C’est la mesure de trop, quelques jours après l’annonce du projet, un million de hongkongais descendent dans la rue, exigeant son annulation. Depuis huit mois, l’île est le théâtre d’affrontement de deux systèmes, l'île fleuron du capitalisme et le parti communiste chinois.
Face à l’ampleur des manifestations, le président Xi Jinping ne cède pas. Les hongkongais sont réprimés dans la violence. Si la cheffe de l’exécutif a annoncé le retrait de la loi sur l’extradition en septembre, il est trop tard pour stopper la colère des habitants. La population réclame la démission de Carrie Lam ainsi que de nouvelles élections par suffrage universel. Les manifestations donnent de l’ampleur au mouvement pro-démocrate “des parapluies” et aux figures du parti démocratique comme Joshua Wong ou Jimmy Lai.
L’autorité du parti communiste chinois (PCC) est ébranlée. La répression du mouvement hongkongais s’exerce dans une violence qui ne fait que s’accentuer. La ville devient un véritable champ de bataille. Les forces de l’ordre affrontent les manifestants avec des bombes lacrymogènes, des canons à eau et des tirs de balles en caoutchouc, dans l’aéroport, le métro et plus récemment l’université polytechnique.
Dénouement des manifestations à Hong Kong, les acteurs économiques de l’île ont les cartes en main
L’ampleur du mouvement social a plongé la ville dans une crise sans précédent. Depuis juin dernier l’activité économique de l’ex colonie est paralysée. La révolte est un vrai frein pour les affaires et les entreprises ont tout intérêt à ce que la crise hongkongaise se termine rapidement. Plus qu’un banal soutien, elles doivent choisir de défendre un des deux systèmes pour la gouvernance de Hong Kong. Une décision qui pourrait être un tournant dans l’histoire du mouvement pro-démocrate, car il apporterait un soutien de taille à la population. Sans l’appui des entreprises de la ville, Le PCC perdrait la main sur les acteurs économiques de Hong Kong.
Xi-Jinping met tout en œuvre pour l’éviter, en exerçant un chantage économique avec les entreprises étrangères. Le cas de Apple montre l’obéissance de nombre d’entreprises de Hong Kong au PCC. En effet, le géant californien a supprimé l'application HKmap.live qui servait aux manifestants à repérer les mouvements de police. Une prise de position nette en faveur du pouvoir de Beijing.
Les locaux d’entreprises sont eux aussi étroitement surveillés, Cathay Pacific (la compagnie aérienne hongkongaise) est mis sous contrôle du parti communiste et menace les employés de licenciement en cas de participation à la révolte. Un autre exemple, avec la société de basketball américaine, la NBA : le manager des Houston Rocket a exprimé publiquement son soutien aux manifestants. En conséquence, le gouvernement a fait stopper la diffusion des matchs de basketball sur son territoire et a annulé les contrats de sponsorisation entre les entreprises chinoises et la NBA.
Un nouveau front pour le gouvernement chinois qui veut obtenir le soutien des grandes entreprises de la ville, et ainsi limiter l’ampleur du mouvement. Samedi dernier, le directeur du bureau des liaisons (entre le pouvoir central et Hong Kong) a été remplacé par Luo Huining, ancien responsable de la province du Shanxi. La nomination de ce haut-cadre chinois est susceptible d’annoncer un changement de stratégie pour le camps du gouvernement.
La troisième place financière mondiale est entrée dans une crise majeur où se confondent intérêts politiques et économiques. Si la Chine utilise la pression économique comme arme pour attirer les entreprises occidentales dans son camp, elle sait aussi discréditer le mouvement en manipulant l’information dans les émissions diffusées dans le pays ou sur les réseaux sociaux.
Six mois plus tard la mobilisation reste importante, dimanche 8 décembre 800 000 manifestants se sont réunis à nouveau pour défiler dans les rues. Selon le site internet elections.gov.hk, le parti pro-démocrates a triomphé aux élections locales avec un taux de participation record qui a grimpé à 71,2 % (contre 47% en 2015). Les conseillers pro-démocrates ont remporté 85 % des districts. Cependant, les suites du mouvement restent incertaines, des manifestants appellent à la grève générale, d’autres craignent une intervention militaire de la Chine. Une chose est sure, la colère des hongkongais pour maintenir leurs libertés n’a jamais été aussi forte.
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Photo de couverture : marketwatch.com
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