Yémen : La pire crise humanitaire de la planète ?
- INFO MONDE
- 19 févr. 2018
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 juin 2018

Depuis plusieurs années, le Yémen, petit pays du sud de la péninsule arabique, est en proie à une guerre civile sans précédent qui ravage le pays. Entre véritable conflit géopolitique et crise humanitaire, que se passe-t-il vraiment au Yémen ? Éléments de réponse.
Depuis 2014, une guerre civile de grande ampleur entre les forces gouvernementales yéménites sunnites et les rebelles houthis en majorité zaïdites (une mouvance issue du chiisme), ravage le pays, causant selon certains rapports la mort de plus de 10 000 personnes.
Toutefois, certaines choses sont à nuancer et beaucoup pensent que malgré l’apparence locale de ce conflit, ce dernier serait en réalité le théâtre d’un conflit bien plus grand encore entre deux grandes puissances de la région : L’Arabie Saoudite et l’Iran. L’Arabie Saoudite, sunnite, soutiendrait ainsi les forces gouvernementales yéménites tandis que l’Iran, chiite, fournirait une aide militaire ainsi qu’un soutien diplomatique à la rébellion houthiste. Ainsi, c’est toute une coalition qui soutient le gouvernement yéménite contre les houthistes, menée par l’Arabie Saoudite et rassemblant avec elle le Bahrein, la Jordanie, le Maroc, le Soudan, l’Égypte et le Koweit.

Ce conflit qui dure depuis 3 ans maintenant ne fait que gagner en intensité et en dépit des différentes rixes orchestrées par le régime yéménite, la rébellion gagne du terrain. Ainsi, depuis le début du mois de Février, la ville de Al Hudaydah et plus récemment la cité historique de Sanaa auraient été reprises par les milices houthistes.
Les offensives rebelles ne s’arrêtent pas là et le 5 Février, un missile balistique est tiré par les milices houthistes en direction de l’Arabie Saoudite.
C’est l’évènement déclencheur de la mise en place d’un blocus total organisé à l’initiative de l’Arabie Saoudite suspendant toute transaction aérienne et maritime à destination du Yémen plongeant alors le pays dans une situation humanitaire et sanitaire catastrophique. Le pays est depuis privé d’approvisionnement en nourriture et autres produits de première nécessité tels que les médicaments.
C’est tout dernièrement que la situation humanitaire a atteint un niveau de gravité maximal. La famine s’étend à travers le pays et c’est aujourd’hui plus de 7 millions de personnes qui souffrent de la faim. Il s’agirait selon plusieurs rapports de l’une des pires famines depuis des décennies : au total plus de 22,2 millions de yéménites nécessiteraient une aide humanitaire.
À cela s’ajoute la propagation rapide d’une épidémie de choléra qui aurait touché plus de 1 million de personnes au cours des derniers mois. Une épidémie se propageant d’autant plus rapidement du fait du contexte de vie des habitants depuis le blocus, ayant un accès à l’eau potable plus que limité. Autre facteur inquiétant, la propagation récente d’une épidémie de diphtérie, maladie mortelle qui, si elle n’est pas vaccinée, peut causer la mort de nombreuses personnes, notamment les enfants en bas âge.
Les enfants sont les principales victimes de cette crise humanitaire qui sévit au Yémen. L’Organisation des Nations Unies (ONU) a tout récemment lancé l’alerte en déclarant qu’au Yémen, un enfant meurt toutes les dix minutes. Toujours selon l’ONU, plus de 3 millions de personnes ont du fuir de chez elles depuis le début du conflit, et vivent aujourd’hui dans des camps de réfugiés, en proie aux bombardements de la coalition des pays arabes.

Face aux pressions et accusations de la communauté internationale, dénonçant le blocus à l’encontre du Yémen comme une « punition collective » n’affectant que la population, l’Arabie Saoudite a autorisé une levée partielle du blocus. Cette levée a permis selon certains chiffres l’approvisionnement de deux millions de vaccins et plusieurs tonnes de nourritures à destination des populations yéménites.
Si la situation humanitaire du pays était déjà précaire depuis le début de la guerre civile, ce blocus total est la cause majoritaire de la pire crise humanitaire de la planète qui sévit actuellement. Même si l’Arabie Saoudite a autorisé quelques approvisionnements, il est peu probable que les victimes yéménites ne retrouvent des conditions de vie décentes rapidement. Le Yémen, 32ème pays le plus pauvre au monde, est dépendant des aides internationales depuis longtemps déjà, et ne peut donc pas surmonter cette crise seul.
Rappelons qu’aujourd’hui, 76% de la population du Yémen nécessiterait l’appui d’une aide humanitaire pour subvenir à leurs besoins.
Crédits photos :
Photo de couverture : amcnews.tv
Première photo : Le Monde
Deuxième photo : Sputnik France
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