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Turquie-Syrie : Une offensive qui pose question

  • Photo du rédacteur: INFO MONDE
    INFO MONDE
  • 1 févr. 2018
  • 3 min de lecture


Depuis plusieurs jours, la Turquie s’enlise dans un conflit ouvert avec les populations kurdes de Syrie. Entre obsession pour la question kurde et véritables enjeux géopolitiques, que se passe-t-il vraiment en Turquie ? Point sur la situation.


Le 20 Janvier, les forces de Recep Tayyip Erdogan lancent leur première offensive sur les milices kurdes présentes dans le nord de la Syrie. L’objectif ? Ramener la stabilité à la frontière turco-syrienne et notamment dans la ville syrienne d’Afrine, occupée jusqu’alors par des milices kurdes considérées comme “terroristes” par Ankara. Populations kurdes historiquement présentes dans la région (en majorité sur quatre territoires : la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie) mais non reconnues par les nations de la région.


En outre, cette non-reconnaissance du peuple kurde comme nation agit comme un facteur de tensions dans la région, ces derniers réclamant par ailleurs depuis de nombreuses années l’instauration de leur propre état : le Kurdistan. Réclamations non seulement ignorées mais surtout réprimées par les autorités turques, trop conscientes des conséquences sur la région aussi bien d’un point de vue politique qu’économique.


Les kurdes, piégés entre deux fronts

Ainsi, au delà même de la forte présence kurde dans la région, c’est surtout le fait que cette dernière soit entièrement contrôlée par ces même milices kurdes qui pose problème en Turquie, pour qui la perspective même de donner une once d’autonomie à ces populations est considérée comme inacceptable.


C’est dans ce contexte déjà tendu qu’Ankara a pris la décision ces derniers jours de marcher sur le nord de la Syrie, bien décidés à en finir une bonne fois pour toute avec les revendications du peuple kurde. Le 13 Janvier déjà, Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir en Turquie, déclarait : “Si les terroristes ne se rendent pas et ne quittent pas Afrine dans la semaine, nous ferons s’écrouler le ciel sur leurs têtes”.


Une inflexibilité qui n’a pas manqué d’interpeler la communauté internationale, inquiète de la tournure des évènements. Les conséquences potentielles de l’opération “Rameau d’olivier”, c’est son nom, commencent à faire parler du côté des occidentaux et notamment de Washington pour qui les relations avec Ankara ne sont pas au mieux.


Par ailleurs et au delà du fait que les relations entre les États-Unis et la Turquie ne cessent de se dégrader au vu des politiques extérieures agressives respectives proposées par Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan, il est à noter que l’initiative récente des États-Unis de former et armer 30 000 soldats, en majorité des kurdes, et de les affecter le long de la frontière turco-syrienne dans le cadre de la lutte contre le groupe État Islamique n’a fait que détériorer les relations entre les deux pays et peut être vue comme l’élément déclencheur de l’opération turque en Syrie.


Ainsi, alors que la guerre contre l’État Islamique en Syrie arrivait à son terme beaucoup s’interrogent sur l’intérêt réel de l’offensive turque envers les milices kurdes, véritable fer de lance de la coalition contre l’État Islamique. Alors que la “menace terroriste” est invoquée par Ankara, d’autres facteurs entrent désormais en ligne de compte. Eldar Kahlil, haut représentant des kurdes de Syrie n’y va pas de main morte et accuse même le régime turc de “collusion” avec les djihadistes. Il déclarera, le 26 Janvier : “Alors que la guerre contre Daesh en Syrie était presque terminée, Erdogan vient au secours de Daesh pour nous attaquer”.


Recep Tayyip Erdogan

Au vu de ces éléments, il n’est pas absurde de se demander quelles sont les principales motivations d’Ankara avec cette offensive.


L’obsession kurde est un fait en Turquie et la volonté du régime d’écraser tout mouvement indépendantiste peut aisément être vue comme un facteur notoire à cette intervention. Toutefois, l’impassibilité et la violence des attaques dont fait preuve le régime pour venir à bout de quelques rebelles kurdes posent question.


À l’heure actuelle, nul ne sait ou s’arrêtera l’insatiable avancée de l’armée turque en Syrie. Erdogan promet d’élargir l’offensive au moins jusqu’à la ville de Manbij, proche d’Alep et occupée par les États-Unis, alliés des kurdes dans le cadre de la coalition contre le groupe État Islamique.


Ces derniers jours, Ankara a appelé les États-Unis à se retirer de la ville en les intimant de ne pas s’interposer auquel cas ils n’hésiteraient pas à ouvrir le feu. L’armée américaine, encore en position d’attente n’a pour l’heure reçu aucun ordre de Washington. Il ne fait aucun doute qu’au cas ou un conflit survenait entre les deux nations, la stabilité dans la région serait plus que jamais mise en péril.


Rappelons qu’à l’heure actuelle, c’est plus de 557 soldats kurdes et 3 soldats turcs qui auraient perdu la vie dans ce conflit.


Crédits photos :

Photo de couverture : L'Humanité

Première photo : BFMTV

Deuxième photo : Le Vif

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