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Tunisie : Comme un air de révolte

  • Photo du rédacteur: INFO MONDE
    INFO MONDE
  • 5 févr. 2018
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 mai 2018




Depuis le début du mois de janvier, de nombreuses manifestations fleurissent à travers le pays. Entre contestations liées au coût de la vie et désir accru de démocratie, que se passe-t-il vraiment en Tunisie ? Éléments de réponse.


Le 8 janvier, les premières manifestations éclatent. On parle de plus de 12 villes à travers le pays qui auraient connu des contestations. Ces mouvements de foule, pacifiques d’abord, ne mirent pas longtemps à prendre de l’ampleur. Rapidement envahie par des casseurs, les premiers heurts éclatent entre la foule et les forces de l’ordre. Les émeutes auraient principalement touché les villes de Tunis, la capitale et Tebourba une importante ville du nord du pays. Violences sévèrement punies par les forces de l’ordre, n’hésitant pas à faire usage de la force et de gaz lacrymogène pour dompter les contestataires les plus virulents.


Les raisons de ces protestations ? Une économie en réelle difficulté, un taux de chômage persistant, en particulier chez les jeunes (à hauteur de 30% pour les jeunes diplômés), la corruption toujours présente dans les plus hautes sphères du pouvoir et des politiques d’austérité, renforcées le 1er janvier par le vote du budget du pays, incluant des hausses de prix conséquentes ainsi qu’une augmentation générale des impôts, sont autant de facteurs explicatifs.



Le peuple dans les rues, à Tunis


En effet, la Tunisie ne semble toujours pas s’être remise de sa révolution, en 2011, ayant poussé son ancien dirigeant, Zine el-Abidine Ben Ali hors du pouvoir et ayant joué un rôle précurseur dans l’ensemble du Printemps Arabe.


Ainsi, malgré une transition démocratique relativement réussie avec la mise en place d’une République semi-présidentielle, dirigée par l’actuel Président de la République Béjid Caïd Essebsi, le pays n’arrive toujours pas à reprendre le cap d’un point de vue économique. L’économie tunisienne, basée en grande partie sur le tourisme a énormément souffert de la révolution. Le sentiment d’insécurité généré par les violences survenues lors des évènements de 2011 semble avoir laissé une trace indélébile dans l’esprit des touristes étrangers.


À cela s’ajoute une politique particulièrement contraignante en terme d’austérité, incarnée par une réduction radicale des dépenses publiques et du soutien accordé au secteur privé.

En outre, ces politiques orchestrées par le FMI semblent ne pas porter leur fruit et la reprise tant attendue se fait ardemment désirer par une population déjà très affectée. On observe un sentiment d’impuissance du peuple tunisien, rongé par une inflation très élevée (tournant entre 6% et 7%) et un pouvoir d’achat de plus en plus bas. Les violences qui en découlent ces derniers jours semblent être la conséquence de la faim et de l’appauvrissement général du pays.


C’est dans ce contexte tendu, que ce sont tenues dimanche les célébrations du 7ème anniversaire de la révolution sur l’avenue du Bourguiba à Tunis, avenue connue pour avoir constitué un des lieux emblématiques de la révolution de 2011. Malgré l’aspect festif de ces commémorations, de nombreuses manifestations violentes liées à l’austérité sont à noter.

Le gouvernement en place ne souhaitant pas que les choses s’enveniment n’a pas tardé à réagir et un important dispositif sécuritaire a été instauré notamment autour des banques, des postes et autres bâtiments gouvernementaux sensibles. Le pouvoir, trop conscient des conséquences potentielles d’un tel mouvement cherche à reprendre la main et des dispositions auraient été prises ces derniers jours.


L'exécutif à la recherche de solutions aux contestations


Le 13 janvier, la mise en vigueur d’une succession de lois visant à répondre aux revendications socio-économiques du peuple tunisien est annoncée : l’allocation sociale accordée aux familles les plus démunies augmente de 150 dinars à 180 dinars (ce qui correspond à une augmentation moyenne de 10 à 20 euros) et un plan d’aide au logement censé favoriser l’obtention d’un prêt pour se loger est instauré.


Toutefois, malgré la volonté affichée du gouvernement de calmer le jeu et un essoufflement relatif des manifestations à travers le pays ces derniers jours, la colère du peuple semble toujours bel et bien présente.


Nul doute qu’il faudra du temps et des actes avant de revenir à une situation d’apaisement en Tunisie.


Rappelons qu’à l’heure actuelle, ces évènements auraient donné lieu à la mort d’un homme, ainsi qu’à plusieurs dizaines de blessés et plus de 200 arrestations à travers le pays.



Crédits photo :

Photo de couverture : L'Express

Première photo : Le Monde

Deuxième photo : AFP

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