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Sommet historique entre Donald Trump et Kim Jong Un

  • Photo du rédacteur: INFO MONDE
    INFO MONDE
  • 18 juin 2018
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 juin 2018



Les États-Unis et la Corée du Nord. Donald Trump et Kim Jung-un. Deux pays, deux personnalités que tout semblait opposer. En conflit permanent depuis la Guerre de Corée et l’inéluctable séparation de la péninsule Coréenne en 1953, il semblait il y a peu de temps encore parfaitement utopiste d’envisager un quelconque rapprochement entre les deux pays. Et pourtant. Au gré d’une ouverture inattendue et surprenante, des négociations ont peu à peu commencé à voir le jour avec le Nord de la péninsule. Des discussions qui ont fini par mener à la rencontre du Président des États-Unis et du Leader Nord-Coréen, Mercredi à Singapour. Une première depuis la Guerre de Corée qui restera sans doute dans l’histoire mais qui soulève aussi un certain nombre de questions. Quelles conséquences peut-on attendre à moyen et à long terme ? Derrière les sourires et les poignées de mains, peut-on vraiment espérer un apaisement des tensions ? La dénucléarisation de la Corée du Nord, au coeur des négociations, sera-t-elle vraiment effective ? Cette semaine INFO MONDE revient sur ce sommet historique et livre les tenants et les aboutissants de cette improbable rencontre.


Des tensions préoccupantes


Les relations entre les dirigeants Nord-Coréens et Américains ont toujours été complexes. Mais avec l’élection de Donald Trump comme Président des États-Unis, la situation n’a fait que s’envenimer. Des circonstances pour le moins préoccupantes qui ont peu à peu commencé à laisser planer le doute d’une possible escalade des tensions entre les deux pays. Autre facteur de dissensions : l’attitude ambiguë du régime Nord-Coréen vis à vis de son arsenal nucléaire. Car si la volonté de la Corée du Nord de développer son armement n’est plus un secret pour personne, l’énergie qu’elle y emploie depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jung-un, elle, commence à inquiéter. Nourrissant sa propagande un peu plus chaque jour, le pays a fini par attirer les observateurs du monde entier, inquiétés par la menace qui semblait voir le jour. Une menace qui a par ailleurs commencé à se concrétiser ces dernières années, en particulier avec les nombreux essais de missiles balistiques, tirés dans les espaces maritimes voisins de la péninsule. Des essais qui ne l’étaient pas pour rien. En dévoilant au monde toute la puissance de son arsenal nucléaire désormais acquis, la Corée du Nord a voulu montrer que désormais, il faudrait compter sur elle dans l’échiquier international. Des provocations qui n’ont pas manqué de faire réagir la Corée du Sud et le Japon, directement concernés de par leur proximité géographique avec le Nord de la péninsule.


De multiples provocations qui ne laisseront pas les États-Unis de Donald Trump sans réaction. Le Président Américain se chargera personnellement de l’affaire et mettra plusieurs fois en garde le leader Nord-Coréen, directement via son compte Twitter. Qualifiant Kim Jong-un de “Rocket Man” ou le menaçant “d’avoir un bouton rouge plus grand que le sien sur son bureau”, le tempétueux Président des États-Unis multipliera à son tour les provocations afin de dissuader le régime Nord-Coréen d’éventuelles récidives. Une surenchère insolite qui ne dissuadera pas la Corée du Nord pour autant. Non contents de leurs tirs dans les espaces maritimes voisins, ces derniers vont peu à peu élargir leur champ de tir dans le but, une fois encore, d’exhiber la puissance de leur armement. Une exhibition qui va rapidement provoquer une véritable escalade médiatique. Provocations médiatiques qui vont prendre une toute autre tournure quand les États-Unis vont s’en mêler. Nikki Haley, ambassadrice américaine à l’ONU déclarera dans une intervention au Conseil de Sécurité :


«Si la guerre vient, ne vous y trompez pas : le régime Nord-Coréen sera détruit complètement»

Vers un apaisement des tensions ?


À ce moment là, les tensions entre les deux pays semblaient à leur paroxysme. En Europe, aux États-Unis et ailleurs, l'inquiétude était de mise. Beaucoup d'observateurs et de spécialistes en tout genre allaient même jusqu'à affirmer que l'escalade militaire semblait désormais inéluctable. Et pourtant. Quelle ne fut pas leur surprise quand, contre toute attente, le régime Nord-Coréen se présenta sous un tout autre visage en ce début d'année 2018, résolument ouvert au dialogue avec le monde extérieur et même prêt à faire des concessions autour de son arsenal nucléaire. Le rapprochement et in fine l'ouverture du Nord de la péninsule pouvait débuter. Une ouverture qui s'inscrira d'abord dans une démarche inter-coréenne avec la participation du Nord aux Jeux Olympiques d'Hiver organisés par le Sud puis tout récemment avec la rencontre historique entre Kim Jung-un et le Président de la Corée du Sud, Moon Jae-in.


À lire sur le même sujet : https://infomondemedia.wixsite.com/infomonde/articles/jo-de-pyongchang-vers-une-ouverture-entre-les-deux-core


Kim Jong un et Moon Jae-in à la frontière entre les deux Corées. Une photo pour l'histoire.

Une rencontre hautement symbolique, vue d'un bon oeil outre atlantique et qui a sans doute contribué à atténuer les tensions entre les États-Unis et la Corée du Nord. Car si les relations entre les deux pays semblaient plus que tendues ces derniers mois, il va sans dire que l'initiative du régime Nord-Coréen de s'ouvrir à sa soeur du Sud et plus globalement au monde extérieur à joué un rôle prépondérant dans l'organisation du Sommet de Singapour.

Un face à face encore inimaginable il y a quelques mois, d'autant que selon certaines sources, ce dernier fut, une fois à encore, à l'initiative de Kim Jong-un lui même. Un désir d'ouverture salué et apprécié par le Président Américain qui acceptera, après plusieurs rebondissements, de se rendre à rencontre du leader Nord-Coréen.


Toutefois, la prudence reste tout de même de mise. Ce retournement de situation rocambolesque entre deux puissances qui ont multiplié les provocations pendant des mois laisse encore une bonne partie de l'opinion sceptique. Car si le Sommet de Singapour a bel et bien eu lieu, il n'est que le résultat d'un long et fastidieux processus de négociation entre les deux pays. Comme évoqué brièvement plus haut, la rencontre a en effet été dans un premier temps annulée par Donald Trump. Un nouvel acte assez révélateur de l’imprévisibilité du Président Américain, qui se justifiera en renvoyant la balle, dénonçant les déclarations trop hostiles du gouvernement Nord-Coréen. Un coup de théâtre qui témoigne une fois de plus de la méfiance dont ces deux États font preuves l’un envers l’autre. Une rencontre qui finira malgré tout par avoir lieu, après un énième retournement de situation, faisant de ce sommet historique, un évènement définitivement à part.


Un sommet historique


Le sommet de Singapour entre Donald Trump et Kim Jong Un a donc lieu le 12 juin 2018. Une rencontre extrêmement médiatisée qui sera couverte par plus de 3000 journalistes du monde entier, présents afin de couvrir l’évènement. Le dispositif de sécurité déployé fut lui aussi très important. Un accent tout particulier fut en effet donné à la sécurité des deux dirigeants, notamment au vu événements des derniers mois. C’est ainsi, et dans un climat ultra-médiatisé qu’a eu lieu la poignée de main historique entre Donald Trump et Kim Jong-un. Une première pour les deux pays, dont les homologues se rencontrent pour la première fois.


À la suite de leur poignée de main devant les caméras, les deux Chefs d’États se sont isolés où ils ont pu échanger pendant plus de 45 minutes. Selon les sources présentes sur place, il fut surtout question de l'accord autour de l'arsenal nucléaire Nord-Coréen. Une discussion qui a ensuite débouché sur la signature d’un texte commun entre les deux pays. Toujours selon cet accord, la Corée du Nord s’engage à se dénucléariser entièrement alors que les États-Unis promettent, de leur côté, de fournir des garanties de sécurité à la Corée du Nord. Des engagements concrètement assez flous puisque une dénucléarisation est évidemment un processus long et délicat. Un processus qui devrait prendre selon les premières estimations de nombreuses années avant d'être totalement effectif. Au sujet des garanties de sécurité proposées par les États-Unis, il semblerait que cela s’apparente plutôt à une garantie d’arrêt des menaces de leur part plus qu’à une réelle protection. Il est certain cependant que l'accord entre Donald Trump et Kim Jong-un marque un tournant dans les relations américano-nord coréennes.



Kim Jong Un et Donald Trump, signant un accord au sommet de Singapour

Cette rencontre s’est globalement déroulée dan un climat chaleureux (du moins face aux caméras). On a pu voir les deux Chefs d’États partager un dîner, se promener à l’extérieur tout en répétant des "tapes amicales". Si cette rencontre demeure symbolique, les conséquences de cet événement interrogent. Tout d’abord, au sujet de cet accord, a-il la même significations pour les américains que pour les Nord-Coréens ? De la part des américains, nul doute que cet accord à une signification purement pragmatique : la dénucléarisation complète, irréversible et surtout vérifiable de l’arsenal nucléaire nord coréen. Donald Trump a d’ailleurs déclaré que des chercheurs étrangers, dont plusieurs de nationalité américaine, se rendraient sur les sites afin d’attester de leur état.


Néanmoins, la signification pour le régime Nord-Coréen pourrait-être en tout point différente. En effet le sommet n’a donné que peu de précisions à ce sujet. Pas d’impératif de date, pas de définition précise sur ce qu’une dénucléarisation totale impliquerait. Car oui, à l’heure actuelle l’arsenal nucléaire Nord-Coréen n’est pas seulement matériel. Ce dernier se matérialise sous la forme de bombes ou de missiles. Mais l’autre richesse de l’arsenal nucléaire sont les compétences intellectuelles accumulées années après années. La Corée du Nord possède à l'heure actuelle une armée d’ingénieurs capables de réaliser à terme de nouvelles bombes ainsi que de nouveaux missiles. Aussi, une question se pose. Cette potentielle dénucléarisation est-elle seulement efficace quand on sait la Corée du Nord capable, à nouveau, de s’équiper matériellement d’un nouvel arsenal nucléaire ? Une question qui reste aujourd’hui en suspens.


Pour ce qui est des relations, tous s’accordent à dire que ce sommet est le point de départ vers l’apaisement des tensions entre les deux pays. Donald Trump a d’ailleurs invité Kim Jong Un prochainement à la Maison Blanche. Rencontre que le dirigeant Nord-Coréen a accepté. Une considération de la part de du Président Américain qui n’est pas anodine puisqu’en réchauffant les relations avec la Corée du Nord, il se distingue avec brio de ses prédécesseurs, qui jusque-là n'y étaient jamais parvenus. Pour Kim Jong-un, c'est aussi une véritable aubaine. Il est désormais en mesure de nourrir sa propagande et peut se voir renforcé au sein de son propre pays. Car derrière les sourires, ces négociations ont aussi montré que les États-Unis avaient réellement pris en considération les menaces du Nord de la péninsule Coréenne.


Une rencontre qui malgré les nombreux motifs d'espoirs soulève encore un certains nombres d'interrogations. Car si la Corée du Nord semble s'ouvrir au monde et lâcher du leste sur sa politique extérieure, le chemin sera long avant d'en finir, une bonne fois pour toutes, avec les tensions autour de ce pays. Seul l’avenir désormais pourra nous éclaircir sur les véritables conséquences qui découleront du Sommet de Singapour. Un sommet hautement symbolique qui demeurera, quoi qu’il arrive, dans l’histoire.



Crédit photos :
Photo de couverture : AFP
Première photo : AFP
Deuxième photo : LCI
Troisième photo : AFP

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