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Parcoursup : Le nouveau système d’entrée dans l’enseignement supérieur au coeur de la polémique

  • Photo du rédacteur: INFO MONDE
    INFO MONDE
  • 28 mai 2018
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 29 mai 2018



Il a été lancé cette année pour corriger les défauts de l’ancienne version et apporter de nouvelles réponses à la problématique de l’entrée dans l’enseignement supérieur. Le nouveau système d’entrée dans l’enseignement supérieur, Parcoursup, peine pour le moment à faire l’unanimité. Parmi les 820 000 lycéens qui ont reçu, Mardi, leurs premiers résultats d’orientation, beaucoup s’estiment lésés et ne cachent plus leur inquiétude quant à leur avenir à très court terme. Car si plus de la moitié des futurs bacheliers ont reçu une réponse positive, pour les autres c’en est tout autre. À l’heure où est rédigé ce papier, plus de 400 000 élèves de terminale sont dans une situation d’attente voire de refus pour leurs voeux d’orientation. Une situation loin d’être optimale qui soulève un certain nombre de questions quant à l’efficacité et le fonctionnement véritable du nouveau système d’entrée dans l’enseignement supérieur. Parcoursup est-il une version améliorée d’APB, l’ancien système ? Ou au contraire, complique-t-il la tâche des élèves ? Est-il plus sélectif ? On fait le point.


Le 30 Octobre, la Ministre de l’Enseignement Supérieur Frédérique Vidal dévoile la volonté du gouvernement de réformer en profondeur le système d’entrée à l’enseignement supérieur. Ce projet, impliquant la mise en place d’une nouvelle plateforme d’accès devait répondre aux problématiques posées jusque-là par le système actuel, à savoir APB, comprenez Admission Post Bac. Lancé en 2009, ce service permettait d’affecter des élèves de terminale le désirant à la première année des formations de l’enseignement supérieur en France, il était de plus en plus critiqué. Parmi les nombreux arguments mis en avant par les dépositaires du projet, deux ressortent en particulier :

  • Tourner la page du tirage au sort à l’entrée à l’université

  • Lutter contre l’échec en licence

Deux arguments symptomatiques des problématiques mises en lumière sous l’exercice de l’ancien système.


APB c’était quoi ?


Une plateforme interactive directement accessible via un site web du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. L’une des premières du genre. Disponible entre 2009 et 2017, elle permettait aux élèves de terminale de choisir entre plus de 12 000 formations pour leurs voeux d’orientation. Parmi ces formations on pouvait notamment retrouver des licences à l’université, des BTS, des IUT ou encore des DUT. Certaines formations n’étaient cependant pas disponibles comme les IEP ou les Écoles d’Ingénieurs par exemple.


Les lycéens avaient donc droit à un total de 24 voeux maximum qu’ils devaient hiérarchiser selon leur ordre de préférence. Par la suite, un algorithme interne et propre à la plateforme se chargeait de distribuer les affectations en recherchant l’adéquation entre le meilleur voeu des candidats et le niveau demandé par les formations sélectives. Une phase d’admission qui se déroulait en trois phases plus une procédure complémentaire avant d’être définitivement validée par les établissements. Dans de nombreux cas, la procédure pouvait s’étendre pendant voire même après les épreuves de baccalauréat.


Une procédure parfois complexe qui n’a pourtant pas empêché d’éveiller certaines critiques, notamment chez les élèves eux-mêmes. Plusieurs observateurs ont en effet mis en avant un certain nombre d’effets pervers, souvent directement liés à l’algorithme. D’abord, il y a le système de tirage au sort, propre à APB, qui concerne les filières dites en tension. Ces formations, normalement ouvertes à tous possédaient en fait un seuil d’étudiants à ne pas dépasser. Souvent surmenées, ces filières acceptaient leurs derniers étudiants grâce à une procédure dite de tirage au sort afin d’éviter toute sélection, jusqu’alors proscrite par les universités. Une méthode souvent décriée par les lycéens, trouvant injuste de voir leur avenir décidé par le hasard.


Depuis 2016, de nouveaux éléments ont été communiqués sur l’algorithme d’APB. Selon certains rapports, la plateforme d’accès à l’enseignement supérieur permettrait notamment :


. Aux universités de faire une présélection des candidats sur dossier ou prérequis


. Aux formations sélectives (prépas, BTS...) de sélectionner des candidats en fonction de leur sexe, de leur pays de naissance, de leur nationalité et de leur lycée d’origine


Une multitude de dysfonctionnements qui a peu à peu poussé les instances dirigeantes et en particulier le gouvernement à réformer le système d’entrée dans l’enseignement supérieur. APB est mort. Vive Parcoursup ?


Parcoursup : Qu’est-ce qui change ?


Comme attendu, la toute nouvelle plateforme d’accès à l’enseignement supérieur propose tout un éventail de nouveautés. Si toutes ne seront pas énoncées dans cet article, les plus importantes seront évoquées.

Zoom sur les principaux changements de Parcoursup :

  • La fin de la hiérarchisation des voeux

C’est l’une des nouveautés majeures de la nouvelle plateforme. Autrefois fondée sur la hiérarchisation des voeux, la plateforme se renouvelle et propose désormais 10 voeux de même valeur pour les élèves. Une façon de donner à l’élève le pouvoir de prendre la décision finale. Si par exemple ce dernier est accepté dans deux formations sur cinq, alors il pourra choisir celle qui l’intéresse le plus. Chose jusque-là impossible avec APB. Le dernier mot est donné aux étudiants.

  • La place prépondérante de la motivation

Chaque voeu est motivé. Une lettre de motivation différente est exigée pour chacun des voeux. On incite l’élève à se tourner vers des projets qui l’intéressent vraiment et à exprimer sa motivation dans l’accomplissement de ce dernier. Une réponse donnée par Parcoursup aux (trop) nombreux étudiants qui, chaque année, se retrouvaient dans des formations qui ne leur convenaient pas et venaient grossir le pourcentage déjà très élevé d’étudiants en réorientation à la fin de leur première année de licence (60% selon certains chiffres).

  • Les premières réponses avant le bac

Sous APB, les étudiants pouvaient voir les procédures durer jusqu’après les épreuves du bac. Une situation plus que complexe pour ces élèves déjà suffisamment mis sous pression par l’examen. Parcoursup voulait en venir à bout et proposer un système permettant aux lycéens de relâcher le stress de l’orientation avant le début des épreuves du bac. C’est désormais chose faite. Les réponses arriveront au compte goutte à partir de Mai. Selon le Ministère de l’Enseignement Supérieur, l’objectif est de fournir au moins 70% des réponses avant le début des épreuves.

  • La fin du tirage au sort

Il s’agissait peut-être de l’une des mesures d’APB les plus critiquées. Parcoursup l’a supprimé. Pour apporter une réponse à la problématique du surmenage des filières en tension, les dépositaires du projet ont proposé de nombreuses alternatives. Là où le nombre de demandes excède le nombre de places, un regard tout particulier sera posé aux candidatures dont le projet, les acquis et les compétences collent le plus à la formation. Autre nouveauté, aux traditionnels “oui”, “non”, et “en attente” vient désormais s’ajouter “oui si”. Le but ? Permettre à l’étudiant d’intégrer la formation à condition que ce dernier s’engage dans un parcours personnalisé pour rattraper son retard. Des cours supplémentaires ou des ateliers pourraient être mis en place pour les élèves dans ce cas. De nouvelles options qui devraient apporter une réponse à la problématique posée par les filières en tension et de fait par la politique du tirage au sort.

  • Une nouvelle forme de sélection pour l’université ?

C’est peut-être LA mesure qui fait le plus débat. Sélectionner ou ne pas sélectionner ? Telle est la question. Comment répondre à une telle problématique sans faire de vagues et surtout en évitant toute polémique ? Pour cela, le gouvernement a lancé une nouvelle mesure intégrée et propre à Parcoursup : les pré-requis. Les filières en tension, toujours, peuvent désormais demander des pré-requis aux élèves qui pourraient être constitués des résultats scolaires, de la motivation ainsi que des activités en dehors du Lycée. Une façon donc, de procéder à une nouvelle forme de sélection, moins évidente, mais peut-être aussi efficace afin de réduire le taux d’échec et de réorientation en première année dans l’enseignement supérieur.


Pourquoi Parcoursup fait-il autant polémique ?


Au delà des différentes difficultés rencontrées lors de la première vague de résultats de la semaine dernière, c’est tout un système qui est critiqué par de nombreux mouvements de contestation qui ont fleuri un peu partout en France tout au long de l’adoption du projet. D’abord, c’est la sélection qui est pointée du doigt. L’université française est connue et reconnue pour son ouverture et justement, pour sa non sélection. Elle est au fil du temps devenue une valeur à part entière de l’université, des études à la française. Avec son nouvel outil d’admission dans le supérieur, Emmanuel Macron donne selon certains observateurs un grand coup à cette valeur : le droit d’étudier. Beaucoup voient en la fin du tirage au sort un prétexte pour installer une nouvelle sélection qui, au delà de venir baffouer les valeurs entretenues et chéries pendant des décennies par l’université française, viendrait installer un climat de concurrence nuisible entre ces centaines de milliers de lycéens.


Ils sont nombreux, parmi les experts de l’éducation, à penser que la mise en avant de l’argument de responsabilisation n’est qu’un leurre et que derrière, tout ne serait que sélection. Toute ne serait que compétition.


Un aspect violemment critiqué par les élèves eux-mêmes qui voient leur droit le plus précieux, à savoir étudier, remis en question. Car l’université, et c’est peut-être l’un de leurs principaux arguments, est un moyen de s’épanouir, de sortir des généralités et de la globalité des études antérieures, souvent limitées au suivi d’un programme bien particulier. Certains s’épanouissent grâce à l’université et plus généralement grâce aux études supérieures. Ils trouvent leur voie et se trouvent pour ainsi dire “blanchis” de leur scolarité antérieure, véritablement épanouis dans une formation qu’ils ont choisi (pour la plupart).


La généralisation de la sélection à l’université pourrait provoquer un tel effet pervers. Ces jeunes le savent et ils sont déjà nombreux, dans la rue, à afficher leur mécontentement, face à un nouveau système, qui semble tendre à les maintenir à l’écart. Non plus seulement des études, mais plus globalement du savoir.


Un nouveau système pour le moins remis en question et qui pose les bases de nouveaux débats pour l’avenir de l’enseignement supérieur. En attendant, les 820 000 élèves de terminale de l’hexagone devront attendre encore quelques jours avant de recevoir une nouvelle vague de résultats qui, selon la Ministre Frédérique Vidal, devraient répondre aux attentes des élèves jusque-là sans réponse de la plateforme. L’avenir seul désormais pourra nous dire quelle tournure prendra ce débat et surtout, si les problématiques amenées chaque année par le passage du second cycle à l’enseignement supérieur, trouveront des réponses.


CRÉDITS PHOTOS :
Photo de couverture : L'Express

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