Iran : Fracture entre le peuple et le régime

Depuis plusieurs jours, l’évolution de la situation en Iran revient avec insistance dans l’actualité internationale. Entre difficultés économiques réelles et volonté affichée de renouvellement politique, que se passe-t-il vraiment en Iran ? Analyse.

Le 28 Décembre 2017, les premières manifestations éclatent en province. On parle de plus de 80 villes iraniennes (hors Téhéran, la capitale) qui auraient connu des mouvements de contestation.

Il est intéressant de noter que les principales manifestations ont lieu en province et non dans la capitale. La raison est simple : se disséminant à travers le pays, les contestataires ont plus de chance d’échapper à la répression violente, souvent pratiquée par le régime.

Les raisons de ces protestations ? Une économie fragilisée avec un taux d’inflation record (on parle de plus de 11%) en particulier pour les ressources vitales telles que l’essence et les biens de première consommation (œufs, farine) et une implication dans les conflits régionaux qui pose question. En effet, les différents investissements dans les conflits régionaux (Syrie, Irak, Yémen) tandis qu’une grande partie du peuple vit sous le seuil de pauvreté poussent à l’exaspération du côté des civils.

Par ailleurs, on a aussi et surtout un État qui rencontre de nombreuses difficultés à gérer son pays.

Un peuple n'hésitant plus à afficher son mécontentement dans les rues.

En outre, ce dernier dirigé par Hassan Rohani est accusé de corruption. Les élections présidentielles de Mai 2017 ont en effet donné lieu, lors de débats télévisés à d’étonnantes révélations indiquant des dépenses occultes de la part de l’État ou encore l’évaporation de sommes faramineuses issues de l’exploitation pétrolière.

Toutes les classes sociales du pays sont mobilisées et expriment à l’unisson leur mécontentement envers l’État. On observe un clivage rarement vu entre le peuple et le pouvoir.

Au-delà des accusations de corruption et des revendications sociales et économiques il est à noter que les revendications des manifestants ont évolué depuis quelques jours et ces derniers basent désormais leurs protestations sur la structure politique du pays, à savoir une République Islamique.

En effet, la République Islamique d’Iran basée sur des institutions élues et des institutions non élues pose problème. Si des élections interviennent bel et bien pour élire le Président, le Gouvernement et le Parlement, ces dernières ne peuvent être effectives sans une validation préalable d’un certain nombre d’institutions auto-proclamées, rendant ainsi quasi inexistant l’impact du peuple dans la vie politique du pays.

C’est dans ce contexte qu’évoluent les revendications du peuple qui demande une refondation en profondeur de la structure politique du pays. Son monopole dans le contrôle du système économique et sa propension à enclaver les libertés individuelles en tête des revendications.

Le Guide de La Révolution, Ali Khamenei

Revendications jusque là malmenées par un régime toujours aussi répressionnaire. En dépit de l’aspect pacifique des manifestations et de la décentralisation relative de celles-ci, l’armée et les forces du régime n’hésitent pas à faire usage de la force pour contenir cet énième mouvement contestataire en Iran.

L’avenir seul pourra nous dire si ce mouvement ne revendiquant que l’exercice de ses droits humains fondamentaux verra ses revendications acceptées.

Rappelons qu’à l’heure actuelle, c’est plus de 21 personnes qui auraient perdu la vie dans ce conflit.

Crédits photo :

Photo de couverture : Le Huffington Post

Première photo : Le Courrier du Soir

Deuxième photo : Slate