top of page

Accord nucléaire iranien : Quelles conséquences au retrait des États-Unis ?

  • Photo du rédacteur: INFO MONDE
    INFO MONDE
  • 14 mai 2018
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 mai 2018




Le mardi 8 mai 2018 fut marqué par l’annonce du Président américain, Donald Trump, sur la sortie des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien. Une déclaration non sans conséquences qui engendrera une multitude de réactions à travers le monde. Mais alors pour quelles raisons Donald Trump cherche-il à se retirer d’un accord censé garantir la paix ? Quelles seront les conséquences du retrait des États-Unis ? Éléments de réponses.


L’accord sur le nucléaire Iranien est rédigé en 2015 par les États-Unis, la Russie, La Chine, La France, le Royaume-Uni, et l’Allemagne au terme de plus de douze longues années de négociations. Ce compromis entre toutes ces grandes puissances avait pour objectif premier de brider le développement nucléaire Iranien en échange d'une levée progressive des sanctions économiques, imposées au pays depuis de nombreuses années. Concrètement et afin d’empêcher un armement nucléaire, la production des ressources nécessaires à la constitution d'une ou plusieurs bombes atomiques a peu à peu été réduite et controllée. Ainsi, l’enrichissement d’uranium et la production de plutonium ont été limités. En contre-partie de ces réglementations majeures, la levée des sanctions économiques infligées à l’Iran a débuté en 2016 et a constitué une avancée majeure pour le développement économique du pays. Une levée des sanctions qui aura contribué avec le temps à faire de l'Iran un pays plus ouvert au monde et plus enclin aux échanges commerciaux internationaux.


Un accord qui se devait également de garantir la paix face à une nouvelle puissance militaire susceptible de posséder la bombe nucléaire. En effet, si l'Iran est aussi bridé sur la question du nucléaire c'est aussi en partie à cause de la région dans laquelle il évolue, à savoir le Moyen Orient. Particulièrement instable depuis des décennies, le Moyen Orient constitue aujourd'hui un des foyers majeurs de tensions dans le monde. Pour ne rien arranger, l'Iran entretient aujourd'hui des relations plus que compliquées avec certains mastodontes de la région comme l'Arabie Saoudite et Israël.


Pour en savoir plus sur les relations qu'entretient l'Iran dans la région :

https://infomondemedia.wixsite.com/infomonde/articles/ymen-la-pire-crise-humanitaire-de-la-planete


La décision unilatérale de Donald Trump, qui en avait fait une promesse de campagne, met fin à la présence des États-Unis dans cet accord et agit comme un véritable coup de tonnerre dans la région. Une décision pourtant attendue puisqu'il, le Président des États-Unis, n'aura cessé de dénoncer l'accord durant sa campagne pour la Maison Blanche, un accord selon lui “défectueux” qui ne permettait en rien de garantir la paix. Il déclarera d'ailleurs :


“Il s’agissait d’un abominable accord unilatéral qui n’aurait jamais dû être conclu. Il n’a pas apaisé la situation. Et il n’a pas apporté la paix. Et il ne l’apportera jamais. Il est évident, à mes yeux, qu’avec la structure fragilisée et pourrie de l’accord actuel, on ne peut empêcher l’Iran de se doter d’une bombe nucléaire.”

Il dénonce aujourd’hui un accord mal négocié, qui ne prive absolument pas l’Iran de développer ses armes nucléaires. Pour justifier le retrait, il ira même jusqu'à affirmer que les États-Unis ont la preuve que l’Iran ment au sujet du développement de ses armes. En adéquation avec ses prises de position, Donald Trump a annoncé, dans la lignée de ses récentes déclarations vouloir intensifier les sanction à l'encontre de l'Iran afin de les inciter à négocier un nouvel accord. Un nouvel accord, qui selon lui, garantirait l’impossibilité de l’État Iranien de développer la bombe nucléaire. Il se veut également menaçant à l’égard de toutes nations qui s’emploierait à aider l’Iran dans sa quête de l’arme nucléaire. Ils subiraient alors de lourdes sanctions des Etats-Unis en conséquences de leurs actes, a-t-il déclaré.



Donald Trump lors de son annonce du retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien

Une annonce de retrait qui ne manquera pas de faire réagir la communauté internationale. En réponse à l’annonce de Donald Trump, le Guide Suprême de la Révolution Iranienne Ali Khamenei qualifiera la décision du Président des États-Unis de “grave erreur”. À l’inverse, Israël s’est réjouit de cette annonce. Le Premier Ministre Benyamin Nétanyahou qualifiera d'ailleurs cette décision de “courageuse”. Une décision également approuvée par l'Arabie Saoudite, grand ennemi de l'Iran dans la région, de par des disparités religieuses et économiques. En effet, étant le premier exportateur mondial de pétrole, l’Arabie Saoudite a tout intérêt à voir la situation économique de l'Iran se dégrader. Dans la lignée de ses prises de position, elle s'est par ailleurs dite prête à prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher une éventuelle pénurie. Une annonce particulièrement avantageuse pour les ennemis de l'Iran, donc.


A contrario, en Europe, l'annonce du retrait des États-Unis sera globalement regrettée par les signataires de l’accord à savoir la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Cependant, ces États membres européens se disent prêts à poursuivre l’application de cet accord. Pour ce faire, des rencontres sont prévues entre les États européens et l’Iran qui, dans la perspective de reprendre l'ascendant dans les négociations, s'emploie depuis quelques jours à envoyer des dizaines d'émissaires à travers l'Europe et le monde. L'avenir diplomatique de l'Iran est en jeu et pour cela, des concessions sont presque envisagées du côté de Téhéran qui serait ouvert à des discussions sur un accord plus large et plus durable. Le Président Iranien, Hassan Rohani, a de plus déclaré qu’il était possible que la République Islamique d’Iran reste dans l’accord si ses intérêts étaient protégés. La porte n'est donc définitivement pas fermée. L’occasion pour l’Union Européenne de traiter diplomatiquement sans les États-Unis. Une façon, aussi, de mettre en évidence la place de l'Europe dans la course au leadership mondial.


Hassan Rohani, Président de la République Islamique d'Iran

Toutefois la sortie des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien n’est pas sans conséquences. Elle pourrait avoir de lourdes répercussions économiques et géopolitiques. Si l’accord venait à prendre fin, l’Iran pourrait reprendre son programme nucléaire. Cela aurait pour effet de susciter la crainte et l'instabilité au Moyen-Orient où Israël et l’Arabie Saoudite notamment mais aussi la Turquie, ne laisseront pas une hégémonie iranienne se bâtir. Il n'est ainsi pas insensé de penser que toutes ces puissances pourraient lancer des programmes d'obtention de l'arme nucléaire, ce qui contribuerait indéniablement à une recrudescence des tension, déjà bien présentes, dans la région. Le risque d’affrontement pourrait alors s’amplifier.


D’un point de vue économique, les conséquences pourraient être lourdes, notamment pour la France. Rappelons que dans les sanctions énoncées par Donald Trump, tout pays ou entreprise ayant des activités commerciales avec l’Iran se verrait pénalisé. En effet, les entreprises commerçant avec Téhéran se verraient interdites de commercer avec les États-Unis. Des sanctions qui concernent plus ou moins directement un certain nombre de grands groupes français comme Total, PSA, ou Airbus, alors présent en Iran. Dans le cas où ces derniers se verraient dans l'obligation de se retirer, c'est tout un marché émergent ainsi que des perspectives de développement économique non négligeables qui s'envoleraient.


Le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien annoncé par Donald Trump il y plusieurs jours pourrait donc avoir des conséquences néfastes économiquement et géopolitiquement. Si toutefois les autres signataires s’employaient à appliquer l’accord, une vague de questionnement s’accompagne du retrait des États-Unis. Quelles chances l'accord aurait-il de subsister sans une puissance majeure comme les États-Unis ? Un nouvel accord durable pourrait-il voir le jour ? Des questions qui agitent toutes les lèvres et qui restent, à ce jour, sans réponses.


Crédit photos : 
Photo de couverture : AFP
Première photo : Le Monde
Deuxième photo : Reuters

ความคิดเห็น


bottom of page