Syrie : Lafarge, financeur de Daesh ?
- INFO MONDE
- 19 févr. 2018
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 mai 2018

Depuis plusieurs mois déjà, l’entreprise française Lafarge est enlisée dans un scandale de grande ampleur la liant directement avec le groupe terroriste État Islamique. Point sur une polémique qui met à mal le géant du bâtiment.
Leader mondial dans le secteur du BTP, l’entreprise française Lafarge vend ses matériaux de construction à travers le monde. Possédant des filiales dans le monde entier, elle est notamment présente en Syrie depuis des années. Mais en juin 2016 un scandale éclate avec les révélations du journal Le Monde : Lafarge aurait conclu plusieurs accords avec l’État islamique.
La filiale du groupe nommée « Lafarge Ciment Syrie » (LCS) présente dans la région nord-est du pays à Jalabiya aurait continué sa production malgré le climat de tensions que connaît la région. Des accords auraient ainsi été passés avec Daesh, qui contrôlait cette région de 2013 à 2015.
Ces accords visaient notamment à permettre à l’entreprise de continuer sa production et comprenaient des autorisations pour passer les checkpoints détenus par l’organisation terroriste, la sécurité des salariés de l’usine était également attestée pour permettre leurs déplacements au sein des villes où le groupe terroriste était au pouvoir. Le journal va même jusqu’à attester qu’un tampon de l’Etat islamique était apposé pour justifier les accords et les laissez-passer de marchandises.

Usine Lafarge Cement Syrie (LCS)
Une enquête a également été ouverte pour « possibles infractions commises par le groupe cimentier Lafarge en Syrie ». Il semblerait qu’en plus de ses accords de logistique, Lafarge ait acheté du pétrole indirectement à Daesh qui contrôle les sites de production à Raqqa et Deir Ezzor tout en sachant que depuis 2012, l’Union Européenne a édicté une interdiction d’achat de pétrole en Syrie. D’après le journal, trois camions de pouzzolane et une dizaine de camions de mazout auraient été acheminés par jour par le groupe terroriste.
Ces accords comprendraient une contrepartie financière du groupe Lafarge à Daesh qui, selon Christian Herrault, l’ex-directeur adjoint opérationnel de Lafarge, s’était plié à une économie de racket d’environ 30 000 dollars par mois. Trois employés du groupe entendus dans le cadre de l’enquête ont reconnu les éléments retenus contre Lafarge.
L’entreprise de matériaux de construction aurait même été menacée en septembre 2014 par l’organisation terroriste pour des retards de paiement. À tel point qu’un mois plus tard l’usine abandonnée par le groupe aurait de suite été reconquise par les terroristes. Le site de production a été repris depuis février 2015 par les milices Kurdes.
Aujourd’hui une enquête est toujours en cours pour « financement d’entreprise terroriste ».
Rappelons que selon Le Canard enchaîné, Lafarge aurait au total versé plus de 500 000 dollars à l’État islamique.
Crédits photo :
Photo de couverture : Thibault Camus/AP/SIPA
Photo d'article : Le Monde
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