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Accords UE-Mercosur : Quelles conséquences pour le marché français ?

  • Photo du rédacteur: INFO MONDE
    INFO MONDE
  • 5 mars 2018
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 mai 2018



Depuis plusieurs semaines, l’accord probable entre l’Union Européenne et les états membres du Mercosur concernant l’exploitation de produits agricoles inquiète et agace les éleveurs français. Entre dérèglementation du marché et risques sanitaires, quelles sont les conséquences potentielles d’un tel traité ? Éléments de réponse.


D’abord, il est intéressant de se pencher sur cet accord et sur ce qu’il implique. Trouvant son origine dès les années 90 avec les premières négociations entre le Mercosur (Marché Commun du Sud en espagnol) tout juste créé (comprenant aujourd’hui l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et le Brésil) et les États Européens, cet accord de libre échange a pour objectif premier de faciliter l’exportation des produits issus des pays membres du Mercosur vers le marché européen.


Jusqu’alors les produits sud-américains étaient soumis à de nombreuses réglementations, en accord avec les politiques sanitaires mais aussi douanières de l’Union Européenne, rendant les produits peu compétitifs. Aussi, si cet accord est ratifié, ces produits et notamment la viande bovine rentreraient en concurrence directe avec les produits français. Une nouvelle qui n’a pas manqué d’agacer les agriculteurs français et en particulier les éleveurs bovins qui, déjà soumis à la concurrence européenne et nord-américaine, voient leur secteur menacé.


Les agriculteurs français, bloquant les routes pour manifester leur colère


Le 23 Février, à l’annonce de la reprise des négociations autour de l’accord et malgré l’ouverture du Salon de l’Agriculture, c’est plus de 20 000 agriculteurs qui manifesteront partout en France, dénonçant selon eux un accord déloyal et dangereux à la fois pour le consommateur français mais aussi et surtout pour le secteur de l’élevage.


En effet, selon de nombreux éleveurs mais aussi selon certains économistes spécialisés, les conséquences de cet accord avec le Mercosur pourraient être désastreuses et ce sur plusieurs points. Ainsi, la ratification d’un tel accord signerait l’arrivée de milliers de tonnes de viande bovine sur le marché, qui au delà d’inonder le secteur avec des prix très avantageux, pourrait selon plusieurs rapports provoquer des risques sanitaires non négligeables ramenant la question du consommateur dans le débat.


La FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) déclarera même par le biais de son secrétaire général adjoint, Patrick Bénézit, toute son indignation sur la question :


Ces produits sont fabriqués dans des conditions qui seraient illégales en France

Une façon pour le syndicat de s’attaquer à un point essentiel de l’accord entre le Mercosur et l’Union Européenne : la réglementation sanitaire. Les états sud-américains concernés, qui ne sont pas soumis aux normes européennes pour leurs exploitations agricoles feraient usage selon de nombreux rapports, d’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) comme du soja transgénique pour nourrir leur bétail. De plus, les conditions d’élevage dans les exploitations sud-américaines seraient très différentes de celles pratiquées en Europe, avec très souvent une surface d’exploitation trop petite pour du bétail qui finirait par s’entasser, rendant les conditions de vie de ces derniers plus que douteuses.


Mais ce n’est pas le seul point qui inquiète les agriculteurs et certaines communautés de consommateurs en France. En effet, l’Argentine, membre de l’accord ne possède aucune réglementation concernant l’utilisation du glyphosate, herbicide commercialisé par l’entreprise Monsanto et controversé de par son aspect a priori cancérogène.


À lire sur le même sujet : https://infomondemedia.wixsite.com/infomonde/articles/glyphosate-une-autorisation-qui-fait-polmique


Néanmoins, cet accord potentiel entre l’Amérique du Sud et l’Europe n’a pourtant rien d’étonnant puisqu’il s’inscrit dans la lignée de la politique de libre échange résolument orchestrée par l’Union Européenne comme en témoignent les récents accords du CETA (Accord économique et commercial global entre l’Union Européenne et le Canada, signé en Octobre 2016) et les négociations autour du TAFTA (Partenariat transatlantique du commerce et de l’investissement entre l’Union Européenne et les États-Unis).


L’Union Européenne, consciente de la polémique se veut rassurante en arguant notamment sur le fait que l’accord, s’il est conclu, restera en accord avec la vision européenne sur la question. Une position que reprendra le Président de la République Française, Emmanuel Macron, le 22 Février en insistant sur le fait que l’accord ne remettra pas en cause les standards habituels, et qu’au contraire il ouvrira un paysage d’opportunités pour l’économie française.


L’accord de libre échange entre le Mercosur et l’Union Européenne, ouvrant la porte du marché européen aux produits sud-américains grâce à un allègement des règlementations fonctionne en effet dans les deux sens. En échange d’une règlementation plus accessible pour les états-membres du Mercosur, l’Union Européenne demande elle aussi un allégement des règlementations pour ses produits. Cet accord pourrait de cette façon encourager l’export dans des secteurs tels que le secteur du lait, du fromage ou du vin, amenant par la même occasion des opportunités non négligeables de nouveaux marchés à des secteurs phares de l’économie française.


Au delà de ça, c’est aussi le secteur automobile qui se verrait boosté par un tel traité puisque, libéré des tarifs douaniers, il pourrait s’attaquer à un tout nouveau marché, a priori à fort potentiel, notamment grâce aux 260 millions d’habitants qui constituent les états membres du Mercosur.


Le Président de la République Française, Emmanuel Macron, lors de son intervention au Salon de l'Agriculture


Des opportunités de développement dont se félicite Emmanuel Macron, qui déclarera lors de son intervention au Salon de l’Agriculture :


On est gagnants sur le Mercosur

Une phrase dont il faudra bien sûr tenir compte pour l’avenir qui seul désormais pourra nous dire quelles conséquences cet accord entre le Mercosur et l’Union Européenne aura sur le marché français, s’il est signé. Affaire à suivre.


Crédits photos :

Photo de couverture : Apertura.com

Première photo : France Inter

Deuxième photo : Le Huffington Post

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