Lactalis : Scandale chez le géant du lait

C’est en septembre dernier, lorsque deux bébés, contaminés par des salmonelles, tombent malades que l’affaire Lactalis éclate. Quel est le lien entre ces contaminations et Lactalis ? Le producteur de lait infantile est-il responsable ? Zoom sur le scandale qui ébranle le géant de l'agroalimentaire.

Tout commence début décembre avec la contamination de deux bébés par des salmonelles, bactérie provoquant diverses intoxications alimentaires dont la salmonellose, dangereuse pour la santé notamment chez les enfants en bas âge. Or ces nouveaux-nés auraient peu avant consommé du lait infantile de l’usine Lactalis localisée à Craon en Mayenne.

Le 2 décembre, douze lots de lait infantile commercialisés par Lactalis sont retirés du marché à la demande du Ministère de la Santé. On pourrait alors penser cette affaire de contamination comme close, mais il n’en est rien.

Les interdictions de mise sur le marché se poursuivent en chaîne durant le mois de décembre du fait de l’augmentation du nombre de bébés contaminés. Le gouvernement finira par ordonner le retrait de six-cent lots de lait infantile suite à la contamination de cinq nouveaux bébés.

S’en suit de nombreuses plaintes déposées par des parents et associations de consommateurs à l’encontre du premier groupe laitier mondial, à tel point que le 21 décembre un troisième retrait à lieu et tous les produits de l’usine Lactalis de Mayenne sont interdits à la vente et l’usine arrêtée.

L'usine Lactalis de Craon en Mayenne

Début janvier, le scandale prend une toute autre ampleur : après l’achat d’une cliente de lait infantile dans un supermarché, plusieurs enseignes de grandes distributions reconnaissent avoir mis en vente des produits Lactalis malgré l’interdiction.

Face à la vague d’accusations adressée aux enseignes de la grande distribution, plusieurs groupes comme Auchan dénoncent la responsabilité de Lactalis, expliquant qu’ils auraient reçu une livraison de leur part comprenant des produits répertoriés par le rappel du 21 décembre.

Les interrogations sur la responsabilité de Lactalis fusent suite aux révélations du Canard Enchaîné dans son édition du 3 janvier : le groupe agroalimentaire aurait été au courant de la présence de salmonelles dans leurs produits depuis août dernier. Selon eux, l’entreprise elle-même aurait procédé à une série de contrôles dans son usine de Craon attestant de la présence de ces bactéries. Toutefois ces contrôles n’avaient pas été rendus publics.

Suite à ces graves révélations le Parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « blessure involontaire » et « mise en danger de la vie d’autrui ».

Face à la tourmente, le PDG de Lactalis Emmanuel Besnier a décidé de s’exprimer dans le cadre d’une interview pour le JDD afin de clarifier la position de l’entreprise. D’après lui, il est possible que des erreurs humaines aient été commises au sujet des livraisons de lait infantile après l’interdiction. Il a cependant assuré que Lactalis se mettait à l’entière disposition de la justice. Concernant les familles des victimes il a certifié que « toutes les familles qui ont subi un préjudice » seront indemnisées.

Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis

À noter que le 17 janvier des perquisitions ont eu lieu dans cinq sites du groupe, dans le cadre de l’enquête judiciaire ouverte par le Parquet de Paris.

Rappelons qu’à l’heure actuelle, ce sont plus de 35 enfants qui auraient été contaminés par les salmonelles issues du lait commercialisé par Lactalis.

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Photo de couverture : AFP

Première photo : Sciences et Avenir

Deuxième photo : Journal Du Dimanche