3 minutes pour comprendre #3 : L'accord UE-Japon
- INFO MONDE
- 27 juil. 2018
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Donald Trump a frappé fort avec l’alourdissement des frais de douanes sur l’acier et l’aluminium importés. Face à la menace protectionniste américaine, l’UE se devait de répliquer, et vite. Mardi 17 juillet dernier, la première riposte a été enclenchée : L’UE signe un accord de partenariat économique révolutionnaire avec le Japon. En quoi consiste cet accord et quelle est son importance pour l’UE dans ce contexte de protectionnisme grandissant ? On revient sur les grandes lignes et les points à retenir de cet accord déjà qualifié d’historique.
Tout d’abord concernant les relations économiques entre notre vieux continent et l’archipel nippon. Jusqu’à lors les échanges commerciaux entre entreprises japonaises et européennes étaient caractérisés par d’importants excédents commerciaux en faveur du Japon.

Malgré une évolution vers un commerce plus équilibré, le Japon restait un pays où il était généralement difficile de faire des affaires ou d’investir. Le potentiel économique était tout de même déjà énorme : l’UE exportait déjà plus de 58 milliards d’euros de marchandises vers l’archipel japonais. Malheureusement, les droits de douane étaient particulièrement élevés avec près de 40% de taxes sur les viandes bovines et les fromages. Les procédures d’approbations des marchandises étaient également complexes. En somme, une longue liste de freins dissuadait les exportateurs européens.
Depuis 2013, les États membres de l’UE avaient donc chargé la Commission européenne de lancer des négociations avec le Japon. En Juillet 2017, l’Union et le Japon s’étaient mis d’accord sur les principes et grandes lignes de l’accord. La semaine dernière le texte final a été signé par les présidents de la commission et du conseil européen, Jean Claude Juncker et Donald Tusk, ainsi que par le premier ministre japonais, Shinzo Abe. Le texte doit tout de même passer par une dernière étape : la ratification par le Parlement européen et la Diète, le parlement Japonais. L’accord devrait donc entrer en vigueur d’ici 2019.
En ce qui concerne le contenu de l’accord, les grandes lignes à retenir sont les suivantes : les exportations agricoles seront considérablement simplifiées. Cela permettra une plus grande importation de produits agricoles européen sur le marché japonais qui était jusqu’à lors très fermé. Le processus d’élimination des droits de douanes se fera par une baisse progressive des taxes. Cela pourra dans certain cas prendre plusieurs années, jusqu’à 15 ans tout au plus. Néanmoins, plus de 200 produits agricoles européens seront également mieux reconnus sur le territoire nippon, notamment grâce aux appellations d’origine protégée. Du roquefort français, en passant par le jambon de Parme jusqu’à la Vodka Polska.
En contrepartie, les Japonais ont obtenu une diminution des frais de douanes sur leurs produits en automobile. Le deuxième point à retenir concerne l’échange de services entre l’Europe et le Japon. L’accord garantit l’accès des entreprises de l’UE aux marchés publics de 48 grandes villes japonaises. Les secteurs hospitaliers, ferroviaires et les universités seront plus ouvertes aux investisseurs européens mais en ce qui concerne la protection des investissements aucune entente n’a été trouvée. Cela signifie que toute entreprise européenne ayant investi au Japon ne pourra attaquer l’Etat japonais en justice. L’avantage cependant est que cela permet d’éviter un long processus de ratification dans tous les Parlements nationaux de l’UE. Outres ces aspects économiques l’accord comprend des chapitres concernant la protection des données. Le Japon alignera sa législation sur le « Règlement général sur la protection des données personnelles » (RGPD). Cela devrait permettre la création d’un espace sécurisé de circulation des données ; le plus grand au monde d’après le communiqué de la Commission européenne. Finalement, un chapitre sur le développement durable, jugé trop laxiste par diverses ONG. En effet, les engagements du pays du soleil levant à la COP 21 de Paris furent relativement faibles.
En résumé, cet accord a tout d’un bel affront face au protectionnisme. Il témoigne du désir européen et japonais de s’opposer à la ligne de Donald Trump en lui prouvant que deux grandes économies peuvent profiter du libre-échange, et se développer économiquement par d’autres moyens que par une quelconque intervention des États Unis. Cette signature prend même la forme d’un message politique. Jean Claude Juncker, président de la commission européenne le dit lui-même : « C'est aussi une déclaration : pour son contenu, sa portée, mais aussi le moment choisi. C'est une déclaration faite par deux partenaires qui partagent les mêmes valeurs ». En somme un message adressé à ceux qui ferment leurs portes au reste du monde.
Crédits photos :
Photo de couverture : La Tribune
Première photo : La Commission Européenne (http://ec.europa.eu)
Deuxième photo : La Commission Européenne (http://ec.europa.eu)
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