Syrie : La Ghouta, décryptage d’un chaos
- INFO MONDE
- 12 mars 2018
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 mai 2018

Depuis la mi-février, la région de la Ghouta orientale, en Syrie, est le théâtre de violences et de pertes humaines jusqu'alors rarement vues. Entre guerre civile et crise humanitaire, que se passe-t-il vraiment au sein de la Ghouta orientale ? Éléments de réponse.
Depuis 2011, la Syrie, petit pays situé entre le Liban, l'Irak et la Turquie, s'enlise dans un conflit armé opposant le régime de Bachar Al Assad, Président de la République Arabe de Syrie et en poste depuis 2000, l'Armée Syrienne Libre et même l'État Islamique, profitant de l'instabilité dans la région pour faire régner sa terreur. Les rebelles, inspirés par les mouvements du Printemps Arabe, très populaires dans la région à la suite des révolutions de Libye, de Tunisie et d'Egypte, souhaitent en profiter pour faire de la Syrie un régime démocratique, libéré du régime autoritaire des Al Assad.
La Communauté Internationale, touchée par la barbarie rare découlant de ce conflit interviendra à maintes reprises pour essayer de ramener le calme dans la région. Sans succès, puisque malgré les efforts conjoints de nombreux pays, dont la France, pour ramener la stabilité dans la région, la situation ne semble pas évoluer et aujourd'hui, ce sont plusieurs centaines de milliers de civils qui semblent s'enliser dans le chaos syrien.
Le 18 février 2018 marquera l’intensification des offensives de l’armée syrienne, alliée de nombreuses milices pro-régimes, contre le fief rebelle où résident la majeure partie des insurgés restant, ainsi que plus de 400 000 civils. La région de la Ghouta orientale située dans la banlieue de Damas, la capitale syrienne, est à l'heure actuelle en proie à une destruction totale.
Cette enclave rebelle située dans la région de la Ghouta orientale est une position stratégique pour les insurgés puisque étant géographiquement proche de la capitale et base centrale du régime, Damas, elle rend possible le tir d’obus en direction de cette dernière. C’est pourquoi depuis 2013, le régime de Bachar Al-Assad, encercle la région de la Ghouta afin de réprimer toute forme d'opposition au régime.
Une offensive massive de l’armée syrienne qui, soutenue par plusieurs milices pro-régimes (on recenserait plus de 700 hommes), déterminée à reconquérir le fief rebelle, ne lésinera pas sur ses moyens. D’abord avec des bombardements aériens intempestifs, qui chaque jour tueront des centaines de personnes et ravageront nombre d'habitations et autres bâtiments sur place, c'est avec une offensive militaire au sol que le régime commencera peu à peu à reconquérir les villes qui composent la Ghouta.

La Ghouta orientale, soumise aux bombardements intenses du régime syrien.
À tel point que trois semaines après l’intensification des frappes aériennes, c’est la ville de Douma, l’une des villes principales de la Ghouta orientale qui est reprise par le régime. Elle est aujourd’hui isolée du reste de l’enclave rebelle et représente une percée majeure des forces loyalistes puisque cette offensive leur permet aujourd'hui de diviser la Ghouta en trois parties : Douma et sa périphérie au nord, la ville d’Harasta à l’ouest puis le reste des localités au sud de la Ghouta.
La destruction engendrée par les offensives massives du régime de Damas finira par plonger la région dans une situation humanitaire catastrophique. Semaine après semaine ce sont des centaines de morts dues aux innombrables frappes aériennes qui seront recensées par les rapports sur place. À l'heure actuelle, la majeure partie des infrastructures sont réduites à l’état de ruine, réduisant la présence d'hôpitaux dans la région. Les nombreux blessés, lourde conséquence de ce conflit armé, se retrouvent en manque de médicaments et de toute autre assistance médicale, souvent indispensables à leur survie.
Pour ce qui est des survivants, ils sont condamnés à se réfugier dans des sous-sols en assumant un manque d’approvisionnement en nourriture et en médicament. L’Agence France Presse (AFP) dresse le portrait dans ces sous-sols, d’hommes et de femmes physiquement ensanglantés par les raids aériens, d'enfants en pleurs et d'une multitude de blessés, privés de toute assistance médicale. L'Organisation des Nations Unies (ONU) qualifiera la situation comme s'apparentant à :
L'enfer sur Terre
Les évènements dans la région n'ont pas manqué d’indigner la communauté internationale qui organisera la mise en place d'un convoi humanitaire pour assister les victimes. Mais c'était sans compter les bombardements incessants de l’armée syrienne et le déséquilibre général de la région qui finiront par avoir raison de ce convoi, resté à peine 24H sur place, la menace des bombardements étant trop importante. Ce convoi initialement organisé par l’Organisation des Nations Unis (ONU) et le Croissant-Rouge syrien, un organisme humanitaire, comptait quarante-six camions et était censé porter assistance à plus de 27 500 personnes.

Un des nombreux convois humanitaires envoyés par la Communauté Internationale
Le 8 mars 2018 représentera un nouvel échec pour la communauté internationale puisqu’un nouveau convoi humanitaire sera suspendu à cause des bombardements intenses dont la région de la Ghouta orientale est à l'heure actuelle presque quotidiennement victime.
Aujourd’hui la situation humanitaire de la Ghouta orientale est critique d’autant plus que les bombardements incessants de l’armée syrienne ne cessent pas et le régime de Damas reste déterminé à reconquérir toute la région.
Rappelons que selon L'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme (OSDH), ce sont plus de 1000 civils, dont 240 enfants qui auraient perdu la vie depuis l’intensification des frappes aériennes des forces de Bachar Al-Assad dans la Ghouta orientale.
Crédit photos :
Photo couverture : La Dépêche
Première photo : La Croix
Deuxième photo : La Dépêche
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