Afrique du Sud : La ville du Cap bientôt privée d’eau ?
- INFO MONDE
- 7 mai 2018
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Dernière mise à jour : 25 mai 2018

Depuis plusieurs semaines, les habitants du Cap en Afrique du Sud font face à une pénurie d’eau rarement vue auparavant. Victime d’un phénomène climatique, la métropole du Cap pourrait être, dans les prochaines semaines, la première grande ville mondiale à être entièrement privée d’eau. Mais quelle peut-être la cause d’une telle pénurie ? Quelles solutions vont-être mise en place pour subvenir à un tel déficit ? Le Cap sera-t-il entièrement privé d’eau ? Éléments de réponses.
Deuxième ville d’Afrique du Sud avec plus de 4 millions d’habitants, la ville du Cap voit ses réserves d’eau potable se réduire inexorablement. Depuis trois ans maintenant, c’est une sécheresse extrême qui s’abat sur la métropole. Si la ville du Cap connaît régulièrement des sécheresses de par son climat tempéré, celle qui sévit depuis 2015 s’avère être la pire depuis un siècle. À tel point que les précipitations, habituellement là pour équilibrer la situation météorologique de la région se font de plus en plus rares. Cependant la sécheresse en elle-même n’est pas l’unique cause à cette pénurie d’eau potable.
La ville du Cap est également en proie à un phénomène climatique qui accentue les effets de la sécheresse. Surnommé “El Niño” ce phénomène engendre une augmentation des températures de divers océans entraînant ainsi des répercussions climatiques dans plusieurs endroits du monde. Si ce phénomène climatique ne se produit dans le monde qu’une fois tous les 7 ans, ces conséquences régionales peuvent durer près d’un an avant d’occasionner un retour à la normale. En résumé, c’est une sécheresse historique associée à un phénomène climatique bouleversant qui sévissent actuellement au Cap.

Dans l’optique de lutter face à cette sécheresse et le phénomène climatique “El Niño”, le gouvernement sud-africain a pris la décision de réaliser une "réévaluation de l'ampleur et de la gravité de la sécheresse actuelle". En effet, leurs conséquences s’avèrent être elles aussi historiques, puisque pour la première fois la ville du Cap redoute l’arrivée du “Jour zéro”. Si ce nom a de quoi faire frémir, la réalité n’en est guère différente. Le “Jour zéro” signifie le jour où la métropole du Cap sera entièrement privée d’eau. Les robinets et les fontaines seront à sec, les lacs alimentant la ville seront eux aussi vides. À cette date seulement 200 points d’eau seront en mesure d’alimenter les 4 millions d’habitants du Cap.
Une date qui a d’ailleurs été anticipée. Initialement prévu pour le 12 avril, le "Jour zéro" a été repoussé à la fin du mois de juin. Un report qui témoigne des efforts des habitants pour limiter leur consommation quotidienne d’eau potable. Des restrictions d’utilisation d’eau ont également été mises en place pour chaque habitant. Il est recommandé pour un habitant de ne pas excéder 50 litres d’eau par jour. À titre d’indication une douche de 4 minutes consomme en moyenne 40 litres d’eau. Une douche de 90 secondes est donc de rigueur pour les habitants du Cap. Les habitants font ainsi preuve d’une responsabilité sociale certaine en se privant chaque jour de l’utilisation de dizaines de litres d’eau. Une responsabilité sociale qui va peu à peu entraîner un certain nombre de restrictions d’eau. Tous les services habituellement gourmands en eau vont peu à peu être réduits, voire fermés : piscines municipales et privées fermées, interdiction aux particuliers et professionnels de laver leurs véhicules etc...

Le “Jour zéro” pourrait avoir un réel impact économique sur la métropole du Cap, relativement dépendante du tourisme, créateur de nombreux emplois dans la ville. En effet, la ville a su profiter de son cadre paradisiaque pour cultiver une véritable culture du tourisme. Il est courant d’y distinguer de nombreux hôtels de luxe, attirant de nombreux clients fortunés à travers le monde. Toutefois ces établissements ne sont pas directement concernés pas les restrictions d’utilisation d’eau. Leur statut de créateur d’emploi et plus généralement de pilier de l’économie pour l’économie de la ville a encouragé la municipalité à les exonérer de restrictions d’eau afin de privilégier la situation économique du Cap.
Une municipalité dirigée par le parti de l’Alliance Démocratique (DA), parti d’opposition au gouvernement. Cette dernière est d’ailleurs sujette à de nombreuses critiques et accusations au sujet de leur gestion de cette crise. Beaucoup estiment que les restrictions d’utilisations d’eau tardives ou bien encore la dissimulation de la future pénurie d’eau au profit du tourisme sont irresponsables à l’égard de la population. Aussi, on observe des tensions politiques puisque le parti au gouvernement, (ANC) Congrès National Africain, ne souhaite, pour le moment, pas venir en aide aux élus locaux. Rejetant un peu plus la faute sur la municipalité du Cap.
Aujourd’hui la ville du Cap est toujours confrontée à cette sécheresse historique, cependant il n’est pas tout à fait certain que le “Jour zéro” ait bien lieu. Bien que cela reste peu probable, il est encore possible que les efforts cumulés des habitants, des acteurs du tourisme et de la municipalité du Cap suffisent à enrayer le phénomène. Toutefois, si jamais le “Jour zéro” devait bien avoir lieu, il devrait sans doute se tenir pour la fin juin-début juillet. Sa durée est pour le moment inconnue mais nul doute que les conséquences potentielles d’un tel phénomène auront des conséquences sur le mode de vie des habitants du Cap.
Crédit photos :
Photo de couverture : Imazpress
Première photo : AFP
Deuxième photo : Pixabay
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